11 Nov 11 NOVEMBRE : LA CLASSE DÉFENSE N’OUBLIE PAS
Ce 11 novembre, nos élèves de 3ème A en Classe Défense et Sécurité Globales ont assisté à la cérémonie commémorative de l’armistice de 1918 célébrée au Monuments aux Morts de Dax. Un moment emprunt de solennité et de mémoire durant lequel des élèves de l’école Lucie AUBRAC ont lu le poème Liberté de Paul ÉLUARD alors que deux de nos élèves, Soli ZOMBAI et Clémence BASSIBEY ont lu un texte rédigé spécialement pour l’occasion.
PRISE DE PAROLE DE NOS ÉLÈVES DE LA CLASSE DÉFENSE
Nous sommes collégiens en classe de 3ème, et depuis la rentrée, nous découvrons à travers nos cours d’histoire et de français ces périodes de la première guerre mondiale, puis de la seconde.
C’est ainsi que nous avons « rencontré » à travers son ouvrage, Ivan DENYS, un élève de 3ème comme nous, mais à une autre époque, en novembre 1940, à Paris. Son témoignage nous a particulièrement touchés, aussi nous souhaitions vous le partager aujourd’hui .
Nous sommes le 11 novembre 1940, Le Maréchal PÉTAIN a interdit de commémorer l’armistice de 1918, Une décision prise pour ne pas froisser l’occupant allemand. Ivan DENYS est au collège ce jour-là, il écrit : « Et voilà qu’aujourd’hui une rumeur se répand dans la classe, court à travers le lycée pendant la récréation de 10 heures. C’est le 11 novembre, le lycée est ouvert et nous avons cours ?! Or chaque année, le 11 novembre est férié, on rend hommage aux anciens combattants de la Grande Guerre, ceux qui sont morts pour la France, ceux qui ont vaincu l’Allemagne ! Et cette année, le gouvernement de Pétain a décidé de l’ignorer, d’en faire un jour ordinaire ! Moi-même, je me souviens d’avoir assisté, il y a deux ans, avec ma mère, à la cérémonie officielle à l’Arc de Triomphe au cours de laquelle on a ranimé la flamme pour commémorer le vingtième anniversaire de l’armistice de 1918. J’ai été impressionné par ce spectacle, transporté d’émotion et plein de ferveur de me trouver au milieu d’hommes dont beaucoup avaient 40 ans : ils avaient fait la guerre à 20 ans à peine et l’avaient gagnée. Et cette année, deux ans plus tard, on n’en parlerait plus ! Plus de célébration, plus de souvenir, mais on nous a lu une circulaire de je ne sais qui, nous interdisant de participer, sous peine de renvoi du lycée, à quelque manifestation que ce soit ! Nous sommes indignés ! Toute la matinée, nous rappelons à nos condisciples ce que représente cette date du 11 novembre et ce que signifie la suppression de cette fête nationale. Des bruits divers circulent dans la cour : il y aura, malgré l’interdiction, une manifestation, les « grands » en parlent. La rumeur se répand et nous sommes quelques uns à décider d’y participer. Notre professeur de lettres tente de nous en dissuader, il répète que c’est dangereux. Et puis, c’est interdit ! Ces propos, loin de nous en dissuader, nous stimulent : nous irons à l’Étoile ! Le mot d’ordre se diffuse comme une trainée de poudre. » Ivan DENYS se met d’accord avec une dizaine de camarades de sa classe, il prend la tête de ce petit groupe, et ensemble ils vont se joindre aux «grands» du lycée. En vérité, il y a déjà tant de monde à l’Étoile qu’ils ne pourront pas aller jusqu’au bout. Ils se contenteront de chanter la Marseillaise, et devront bientôt rebrousser chemin quand ils entendront des bruits menaçants de moteurs qui s’approchent : « Impossible d’atteindre l’Étoile, impossible d’atteindre l’Arc de Triomphe : on se replie — sans se sentir vaincus. Cette manifestation nous remplit de joie, de fierté : nous avons bravé les interdictions, nous avons célébré le 11 Novembre, jour de victoire, une victoire que nous espérons, à notre tour, remporter un jour… »
Ce rassemblement autour de l’arc de triomphe marque pour Ivan DENYS le début de son engagement dans la résistance. Engagement qu’il poursuivra les années suivantes, malgré son jeune âge en intégrant un réseau de communication. En ce jour de commémoration de la signature de l’armistice, nous, élèves de 3ème sommes heureux de partager avec vous un peu de son histoire ; elle nous montre comment, chacun à notre niveau, nous pouvons agir et nous engager afin de défendre les valeurs de la République. Elle nous montre comment, en nous retrouvant aujourd’hui, à Dax, autour de notre Monument aux Morts, nous prenons la mesure de cette cérémonie et contribuons nous aussi au devoir de mémoire.